Richard Bégin

Dans cette 7e édition des RIDM, le cinéma affronte le réel.

Bien que le cinéma documentaire ne jouisse pas de la diffusion et des moyens dont peut, avec raison, s’enorgueillir le cinéma de fiction, il n’en demeure pas moins le médium d’expression le plus accessible et, dans la plupart des cas, le moins onéreux à produire. Aussi, on ne peut être surpris de la richesse, de la variété et de la diversité qu’offre cette septième édition des Rencontres internationales du documentaire de Montréal. Plus qu’un festival, les Rencontres internationales, comme le nom de l’événement le suggère, permettent avant tout de rencontrer, voire d’être mis en présence de cultures différentes, de grands malheurs ou de petits bonheurs, et, à juste titre, de faire connaissance avec une réalité qui avoisine ou non la nôtre. Dans tous les cas, chacun des films proposés est une invitation au voyage; un voyage réaliste dans la pluralité des temps et l’intrication des espaces, lieux et terres.

Faire ce voyage dans les frontières du réel relève parfois du douloureux constat; celui, entre autres, qu’éprouve le cinéaste face à l’impuissance qui le condamne tôt ou tard à la seule observation des faits. N’être qu’un ou naître que témoin, c’est le sentiment qui a longtemps habité le Belge Pierre Vandeweed. Closed District est une œuvre incontournable pour quiconque ne doute pas de la fréquente impossibilité de prendre position. En 1996, Vandeweed filme la guerre dans le Sud-Soudan avec l’intention, justement, de prendre position pour les minorités opprimées et contre un gouvernement oppresseur. La réalité du conflit qui s’offre alors à lui est si complexe et à ce point contaminée par de multiples et déplorables ambitions autoritaires qu’il se refusa jusqu’à tout récemment, par écœurement, d’assembler ces images et d’en faire un film. Au final, Closed District s’avère un documentaire sur un film ayant pu être réalisé autrement et pour bien d’autres raisons que celles qui motivèrent en dernier lieu Vandeweed; celle de rendre compte a posteriori des limites à ce qu’un engagement du cinéaste puisse changer quoi que ce soit à l’événement, et celle de juger du recul et de la métamorphose que les années imposent à un discours, aussi sincère soit-il.